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Le fait d’être marié à plus d’une femme à la fois, quoique légal en Egypte, reste un phénomène relativement marginal dans le pays. La majorité des égyptiennes préfèrent de loin avoir leur homme à elles toutes seules. Pour les autres, avoir une ou plusieurs coépouses n’est nullement un drame. Non seulement, elles n’y trouvent aucun inconvénient, mais en plus, ce sont elles-mêmes qui parfois l’exigent.
Selon une récente étude du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), « sur un échantillon représentatif de 1000 femmes des divers gouvernorats d'Egypte et issues de différents niveaux sociaux, culturels et économiques ; 10,6 % des Egyptiennes admettent la polygamie (les femmes représentant 17% de la population du pays) contre 22 % au Maroc et 4 % au Liban ». Etonnant, peut-être. Mais il y a des raisons qui expliquent ceci. Pour Soheir, une divorcée habitant le Caire, dans un entretien accordé à Dina Darwich et Laure Jouteau pour le compte de l’hebdo Al-Ahram du 31 Janvier 2007, « l'homme représente une vraie protection. Sa présence dans ma vie est à la fois une garantie pour ma liberté et un moyen de partager mes problèmes ». C’est ainsi que pour survivre, pour se sentir à l’abri des à-coups de la vie, Soheir a choisi de devenir la seconde épouse de son nouveau mari. Howayda est elle aussi favorable à la polygamie mais pas tout à fait, pour les mêmes raisons que Soheir. Professeure à l'université, elle estime que l’arrivée d’une seconde femme dans son couple lui rendrait moins lourd le fardeau que constitue, selon elle, son mari qui serait un homme « très borné d'esprit et autoritaire…S'il va chez elle, je pourrais jouir de ma liberté au moins la moitié de la semaine » pense-t-elle dans les colonnes de l’hebdo Al-Ahram. Mais elle ne souhaite pas divorcer car, même si son conjoint est un mauvais partenaire, il est aussi un père admirable et attachant. Pour ses enfants donc, elle a décidé de partager son mari. Encore plus incisive, Howayda estime que « …La présence d'une autre femme pourrait équilibrer ma vie. Au moins s'il voyait d'autres femmes, il se rendrait peut-être compte de ma vraie valeur et des efforts que je fais pour lui ».
Autrefois l’apanage des couches sociales aisées qui trouvaient là, l’occasion d’exposer leur richesse, la polygamie a aujourd’hui émigré vers les familles émergentes. Selon la chercheuse Nagwa Al-Fawwal, « ce sont maintenant les ouvriers et les commerçants qui la considèrent comme un moyen d’exhiber leur richesse ». Le phénomène est par contre quasiment inexistant au sein de la classe moyenne. Mais les choses semblent évoluer car certaines associations prônent auprès de la population égyptienne la polygamie dont elles exposent "les valeurs et bienfaits". C’est le cas de Hayam Dorbek, journaliste et mère de deux enfants. Non voilée, habillée à l'occidentale, sa devise est: « Une seule femme ne suffit pas ». En 1998, elle a réclamé que son mari choisisse une autre femme face à son incapacité d’assurer sans faille tous ses devoirs conjugaux car très prise par son travail. C’est à juste titre qu’elle a milité pour la création de l’association pour la défense de la polygamie appelée Tayssir qui veut dire " facilité".
Tout comme Hayam, la romancière Afaf Al-Sayed voit en la polygamie le remède à certains maux qui ne cessent de miner la population égyptienne notamment l’adultère et l’immoralité. Pour elle, la polygamie constituerait une chance de mariage pour les millions de jeunes filles qui peinent à trouver toutes un homme. Pour finir, elle souhaite que soit battue en brèche l’idée de la femme-victime de la polygamie parce que ne pouvant pas faire autrement. Elle ne manque pas de se justifier : « Le droit à la polygamie est un droit pour les femmes autant que pour les hommes ». No comment !
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